- L’Afrique et les langues nationales (par Pr. Fallou Ngom)

Publié le 23 Février 2015

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L’Avenir de l’Afrique dépend des langues nationales, a affirmé M Fallou Ngom, Linguiste, Anthropologue à l’Université de Boston, souhaitant que l’apprentissage des langues nationales soit intégré dans le système éducatif sénégalais.

 

«On ne peut vivre en Afrique, utiliser une langue qui n'est pas africaine et développer son pays. L'Afrique francophone a négligé ses langues qui sont considérées comme des dialectes », a expliqué Ngom, vendredi soir à Dakar, lors d'une conférence sur le thème : Enjeux et opportunités des langues nationales dans l'enseignement supérieur, à l'initiative de l'Ecole Supérieure des métiers du Management et des langues (Estel).

   Il a expliqué qu'il existe des concepts wolof qui n'existent pas en français. Tout comme, il y a des concepts français qui n'existent pas en wolof parce que les réalités ne sont pas les mêmes. Le wolof est la langue la plus parlée au Sénégal.

  Selon lui, la langue est une richesse et le drame pour l'Afrique francophone, essentiellement, c'est de n'avoir opéré la rupture idéologique nécessaire pour prendre en compte et donner le respect aux langues africaines et les inclure dans les programmes d'éducation.

  «Le résultat est qu'aujourd'hui, on a une élite sociale très éduquée en français qui vous parle le français comme dans un livre mais qui ne peut pas vous parler correctement le wolof et qui n'a pas honte quand elle fait des fautes en wolof ce qui n'est pas le cas si c'est en français », a fait savoir le conférencier.

  «Plus on est instruit, plus, on est séparé de son peuple, de sa famille. On exagère des prononciations qui n'existent même pas parce qu'on veut se faire respecter», note le linguiste.

  Il a également déploré le manque de formations adéquates en langues nationales. «Autant ces langues sont importantes, autant nos langues sont importantes. Il faut que nos langues bénéficient du même respect. Qu'on l'accepte ou non, nos langues sont le moteur pour sortir du sous développement. En Afrique de l'Est, le Swahili est très développé. C'est la langue de développement qui génère des fonds. C'est possible ici», a-t-il dit.

  Dans le cadre des cours de Wolof qu'il dispense à l'Université de Boston aux Etats Unis, il a déclaré que le Gouvernement américain a choisi 78 langues prioritaires qui sont importantes pour la nation américaine pour les étudiants, et pour les chercheurs. 

  Ces langues sont choisies et financées par le gouvernement fédéral qui a construit 12 centres qui travaillent sur les langues africaines.

  «Elles sont les langues les moins recherchées, les moins enseignées qui permettent de résoudre un manquement qu'ils ont identifié dans le système. Ces langues sont des ressources, le gouvernement fédéral forme des experts américains dans ces langues. Il voit dans le wolof, le zoulou, des valeurs, c'est pourquoi il investit dans ces langues. Ils veulent que l'américain de souche puisse s'exprimer en wolof quand il viendra au Sénégal. Et c'est pratique», s'est réjoui M Ngom. 

 

Sources: Seneweb.com

http://www.seneweb.com/news/Afrique/l-avenir-de-l-afrique-depend-des-langues-nationales-selon-un-linguiste-senegalais_n_84175.html

Rédigé par Pr. Fallou NGOM

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